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Querelles de voisinage Querelles de voisinage

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Les conflits de voisinage ont toujours existé, à la campagne comme à la ville. Mais ces derniers temps, les crispations liées au bruit et à l’odeur provenant d’exploitations agricoles ont tendance à fleurir. Si celles-ci ne faisaient pas l’objet de recours en justice, l’origine de ces querelles prêterait parfois à sourire : coq chantant avec excès ; canards, grenouilles ou cigales jugés trop bruyants ; odeur du crottin de cheval ou des canards qui indispose… Une situation qui a amené le député Pierre Morel-À-L’Huissier, soutenu par une centaine de ses collègues de tout bord, à déposer un projet de loi visant à définir et protéger le « patrimoine sensoriel » des campagnes. Les troubles sonores ou olfactifs, relevant des émissions inscrites à ce patrimoine, ne pourraient plus être considérés comme des troubles anormaux du voisinage. Une initiative prompte à calmer certains voisins, d’ailleurs pas toujours venus de la ville.

Pour autant, les antagonismes de cette nature sont surtout la partie médiatisée des conflits en milieu rural. André Torre, directeur de recherche à l’Inra, qui travaille depuis vingt ans sur le sujet, explique que l’essentiel des contentieux dans les campagnes porte sur l’usage des sols (voir page 14). Dans la plupart des villages, les choses se passent cependant bien. Avec l’implantation de nouvelles constructions, des habitants parfois peu familiarisés avec l’activité agricole s’installent. Ayant acquis un bien, certains entendent profiter de l’espace rural et de la nature comme ils le souhaitent, sans être dérangés. Quelques-uns idéalisent même la vie à la campagne. En cas de problème, un bon dialogue doit suffire à gommer les incompréhensions. Mais nul n’est à l’abri d’un recours devant les tribunaux, dans une situation de judiciarisation de la société et de montée de l’individualisme.

Le contexte global évolue lui aussi. Comme nous l’expliquait récemment Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l’Ifop : « Le seuil de tolérance s’abaisse de plus en plus dans la société française, en particulier vis-à-vis des agriculteurs qui sont de moins en moins nombreux. Ils ne fixent plus la norme. » Avec le battage médiatique sur l’utilisation des produits phytosanitaires et les ZNT, cette question pourrait devenir davantage source de conflits avec les voisins. D’ailleurs, les critiques répétées et les attaques dans les médias sont l’un des éléments perçus comme les plus inquiétants par les agriculteurs, selon un récent sondage Ifop. Dialogue, explications et portes ouvertes sont des solutions pour limiter les conflits. Mais chacun doit y mettre du sien.

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